Triathlon de l’Alpe d’Huez 2015 – 2ème partie
Triathlon de l’Alpe d’Huez 2015 : départ et parcours natation
On reprend donc : 1290 inscrits moins 169 DNS, cela fait donc 1121 guerriers dans les eaux fraîches (15,5°C) du Lac du Verney au-dessus d’Allemont pour une température extérieure quasi équivalente.
13h50 la corne retentit, nous gagnons 10 minutes de congélation. L’effet froid apporte un premier avantage intéressant : malgré le nombre de participants, nous sommes épargnés de l’habituelle boucherie d’un départ de triathlon puisque l’effet de masse a été gommé par les triathlètes qui ont attendu le tout dernier moment pour se mettre à l’eau et sans doute aussi pour certains la surprise d’un départ donné avec 10 minutes d’avance par rapport à l’horaire officiel !
Ce sont donc quelques coups de pieds, gifles, et autres tirages de jambes qui seront évités, on ne vas pas s’en plaindre.
La mise en action n’est pas des plus rassurantes. L’appréhension côté cervicales me fait adopter une nage pas très efficace, à savoir un tronc qui, telle une coque de bateau chahutée en haute mer, va osciller en permanence de gauche à droite.
Pour compléter ce manque d’efficacité, est-ce le froid ou autre chose, j’ai d’énormes difficultés à contrôler ma respiration, j’ai l’impression d’être essoufflé en permanence, les sorties de tête de l’eau sont comme des bouffées d’air frais, cette sensation va durer plus de 300m. Je fais en sorte de ne pas basculer dans la panique pour ne pas terminer en brasse.
Le reste de la boucle des 1200m de natation se déroule donc moyennement, les sensations ne sont pas vraiment au rendez-vous, je garde donc en tête d’essayer de limiter la casse et donc d’être au maximum acteur et non spectateur de ma course.
Un oeil sur mon chrono à la sortie de l’eau qui confirme mes sensations. Le temps est mauvais puisque je sors de l’eau en 25 minutes et 10 secondes. J’avais bien vu qu’il y avait énormément de monde devant moi dans l’eau, une 651ème place peu glorieuse me le confirmera à l’arrivée.
Année noire côté natation puisque mes performances n’ont cessé de chuter au fil des triathlons et malgré mes efforts sur ce dernier mois, le travail n’a pas payé : 2min05sec au 100m pour des entraînements autour de 1min52sec au 100m. Aucun effet adrénaline de la compétition bien au contraire. C’est assez terrible, surtout lorsque l’on ne trouve pas vraiment d’explication à cette contre performance.
Je ne vais pas me cacher derrière la douleur aux cervicales, pour moi ce n’est pas l’explication. De plus les conditions pour réaliser un bon temps étaient réunies : bon placement sur la ligne de départ, effet boucherie quasi nul au départ, très peu d’effets entonnoir hormis au passage des bouées, bref que de paramètres favorables !
Au final, un fiasco total, mais ce n’est que le début du fiasco et de la compétition, courage poursuivons !
La transition natation / vélo
Retour vers le parc au plus vite et je commence la transition avec en mémoire les temps très moyens de mes précédents triathlons et donc la volonté de faire mieux.
Je suis pris par le froid, je suis incapable de quitter ma combinaison, je fais n’importe quoi, à la limite de l’état second. Jérôme, témoin de la scène me confirmera qu’il avait un peu de mal à comprendre ce que je foutais !
Je finis par réussir à me changer avec comme seul point de lucidité, le respect de la consigne des organisateurs à savoir de mettre nos affaires de natation (combinaison, lunettes, serviette) dans un énorme sac poubelle bien fermé qui nous sera rendu à l’arrivée en échange de la puce de chronométrage.
Encore un œil sur le chrono pour constater l’énorme blague : j’ai mis plus de 5 minutes pour me changer, 5min10sec très exactement ce qui me place à la 935ème place sur 1065 concurrents chronométrés à l’arrivée.
L’handicap avant de s’élancer à vélo est donc très conséquent, mes chances d’honorer l’objectif de 2h31min au temps scratch déjà très lointaines.
L’aspect positif, c’est que mon état quasi second m’ôte toute capacité d’analyse à chaud, je ne suis donc pas déconcentré et ce sera donc bien plus tard que je vais réaliser la médiocrité de cette performance.
Je reste donc totalement dans ma course (ou pas d’ailleurs je ne sais plus) au départ du circuit vélo.
Le parcours vélo et les 21 virages mythiques de l’Alpe d’Huez
Après une petite bosse pour remonter au niveau de la route, nous nous élançons sur la première partie du parcours, les 16km très roulants.
Heureusement j’ai pris la bonne décision le matin, celle de m’élancer à vélo avec une veste d’hiver et de ne finalement pas retirer les manches amovibles, ce qui était mon idée première.
Cette veste va me permettre de me réchauffer et de retrouver progressivement ma lucidité et les sensations.
Je fais 3km en mode « zombie », je ne sais plus si c’est moi qui guide le vélo ou si c’est le vélo qui me guide. Je fais des écarts sur la route, j’ai froid, je claque des dents. Heureusement, tel un robot, les jambes tournent toutes seules et je maintiens un rythme autour de 34-36km/h.
Mon objectif sur cette partie roulante de 16km est de la réaliser à une vitesse moyenne de 32km/h, ne connaissant pas réellement le profil (j’en ai que quelques vagues souvenirs).
Oubliée la natation et les 3 premiers kilomètres jusqu’à Allemont, je redeviens enfin maître de ma machine et surtout lucide. Je commence donc progressivement à dérouler, l’allure s’accélère et les sensations sont de retour. Le reste du parcours se passe à remonter des groupes de concurrents. Après avoir viré sur la gauche, je maintiens une allure moyenne de 37,5km/h sur les 6 kilomètres de cette grande vallée en ligne droite qui mène à Bourg d’Oisans. J’ai donc de l’avance sur mon objectif sans réellement avoir forcé sur les cuisses.
Le vélo est en règle générale un bon indicateur pour sentir la forme du jour, c’est donc confiant que je m’apprête à aborder ce changement de rythme violent caractéristique de ce parcours. Après 16km pour les gros cuissots, le passage devant le camping de Bourg d’Oisans et ce fameux virage sur la gauche qui annonce le début de la montée de l’Alpe d’Huez.
La montée la veille en voiture jusqu’à la station a permis de raviver mes vieux souvenirs, à savoir que les 2,5km de départ jusqu’à La Garde sont tout simplement impressionnants et très difficiles ! Il va donc falloir gérer correctement cette partie.
Je commets d’ailleurs sans doute une première erreur par excès de confiance. Plutôt que de mettre directement le petit plateau de 30 dents, je reste sur le 40 dents pendant 2km. Je monte donc avec 40×28 pour les spécialistes dans une pente moyenne autour de 9-10%. Je continue ma remontée, forcément j’ai été tellement largué en natation que je me retrouve avec des concurrents d’un niveau plus faible.
Au bout de 2km, le passage sur le petit plateau me coûte cher puisque j’ai le droit à un saut de chaîne. Miraculeusement, malgré la pente importante, j’ai le temps d’enlever les pieds des cales et je ne chute pas lamentablement sur le bitume comme une grosse m…
Je replace la chaîne à la main sur le petit plateau, me mets dans le sens de la descente et opère un petit demi tour pour reprendre mon ascension.
Je reste zen, j’ai appris à gérer les aléas. Ceci dit, dommage, au passage je viens de perdre dans l’histoire 2 concurrents en point de mire (je rappelle « no drafting », c’est à dire pas le droit de prendre la roue de quelqu’un mais le point de mire est autorisé) qui menaient un rythme soutenu et qui me permettaient d’assurer un train intéressant en vue du résultat final au sommet de la grimpée de l’Alpe d’Huez. Je me connais assez bien, j’ai besoin d’être challenger en montée pour faire des performances intéressantes. Seul, j’ai tendance à trop m’écouter et à m’endormir.
Après le passage sur le petit plateau, je maintiens une bonne cadence de pédalage, malheureusement, cela sera de courte durée. Je ne maintiens pas ce km/h supplémentaire dont j’ai besoin pour réaliser l’ascension en 1 heure par peur de trop me fatiguer. Plutôt que de me satisfaire de doubler des concurrents, j’aurais dû me focaliser sur le fait de maintenir ma vitesse au dessus des 12km/h et de garder constamment l’œil sur mon compteur. C’est sans doute ma seconde erreur. Je ne suis pas suffisamment « mobilisé », pourtant les jambes ne sont pas dures, les sensations sont bonnes.
En fait, je gère de trop mon effort en vue de la course à pied, la gestion de l’effort étant une composante essentielle en triathlon.
Les encouragements sont nombreux dans cette ascension de l’Alpe d’Huez, c’est assez plaisant, on sent du respect et de l’admiration de la part des spectateurs.
Je suis chronométré en 1h05min43sec sur la grimpée de l’Alpe d’Huez, c’est à dire du pied jusqu’à l’aire de transition. Ce temps est donc correct (325ème sur 1065 finishers) mais je pense que j’avais mon objectif d’1h dans les jambes, c’est dommage et la suite ne va faire qu’accentuer mes regrets.
Je termine donc le parcours vélo en 1h33min52sec à la 363ème place. J’ai doublé énormément de concurrents, et j’ai du me faire doubler par 4-5 concurrents sur l’ensemble de la montée vers l’Alpe d’Huez. Je n’ai pas mal aux jambes, j’attends confirmation après les premiers mètres de course à pied mais je pense que les jambes seront bonnes.
L’arrivée sur l’aire de transition est un régal, il s’agit d’un terrain synthétique de football et c’est vraiment top pour le confort des triathlètes.
J’entends le speaker annoncer l’arrivée de la 1ère féminine qui en termine, ce qui en dit long sur le niveau de la fille en question (top 50 rien que ça !).
Rituel habituel, on quitte le casque et les chaussures de vélo, j’abandonne la veste d’hiver, je retourne le dossard pour le positionner côté ventre, je mets les baskets aux pieds, la casquette sur la tête pour me protéger du soleil, heu non… de la pluie et je pars pour la boucle de 7km à pied.
Le finish et la course à pied
La mise en action est bonne, je sens mes jambes légères et je pense que je vais pouvoir mener un bon rythme sur cette boucle. J’accélère donc progressivement, mais pas de chance, j’ai un point qui apparaît sur le côté droit au bout d’1km. Il n’est pas trop douloureux, je peux donc maintenir mon allure, en revanche plus moyen d’accélérer comme je l’envisageais. Ce n’est pas trop grave puisque mon allure est déjà intéressante, la maintenir est déjà signe d’un bon résultat à l’arrivée. Je m’efforce de faire disparaître cette gêne côté droit mais je mets plus de 3km à m’en débarrasser.
Lorsque le point disparaît enfin (autour de 4,5km de parcours), je suis libéré et peut mettre les chevaux. J’ai de très bonnes sensations sur cette fin de parcours et je termine facilement.
Classement et résultats du triathlon de l’Alpe d’Huez 2015
Je termine en 2h36min56sec à la 395ème place, beaucoup trop frais à mon goût.
Pour ma performance détaillée, tout est dans l’image suivante.
1290 inscrits, 169 DNS, 6 concurrents disqualifiés, 30 DNF (Did not Finish)
Le classement scratch de l’épreuve courte distance du triathlon de l’Alpe d’Huez 2015
Le top 200 espéré n’était pas envisageable, le niveau était (beaucoup) trop relevé cette année. Il fallait réaliser un temps de 2h23min20sec pour être dans le top 200, je n’en avais pas les moyens. En revanche j’avais sans doute mon objectif de 2h31min, donc un TOP 300 dans les pattes voir un tout petit poil mieux. La natation et la mauvaise gestion de l’effort auront eu raison de cet objectif. En tout cas, je maîtrise plutôt bien mon sujet puisque mes temps de passage annoncés avant la course à Ninnie et Jéjé sont cohérents avec le résultat final.
Une belle 211ème place en course à pied et une honorable 325ème place dans la grimpée de l’Alpe d’Huez. Je n’ai donc pas à rougir de ce résultat. Je termine mes 3 triathlons 2015 sans blessure (hormis cette connerie de cervicales), sans réelle contre performance, en ayant eu toujours de bonnes et parfois même très bonnes sensations.
Je me rappellerai longtemps des 15,5°C du Lac du Verney même si la boulangère m’a calmé le Dimanche en me disant : « Ça va, l’année dernière l’eau était à 12,8°C, ils ont du chercher un point du lac où l’eau dépassait les 14°C* ». Sympa la boulangère !
Il me reste à vous proposer mon bilan personnel du triathlon de l’Alpe d’Huez 2015
* : température minimale autorisée pour faire débuter une course officielle, c’est vrai pour les championnats mais sur ce type d’épreuve c’est 12°C la limite autorisée.
d’ailleurs j’ai croisé la route d’un ancien de mon équipe de foot, il faisait le LD, il fit 400e tout rond!
Je viens de voir ses résultats, c’est pas mal effectivement. 2,2km dans l’eau hyper fraîche, respect !
Putain mon grand t’as de quoi être fier ouais! J’ai froid et les jambes dures rien que de te lire!!! M’est d’avis que l’an prochain, top 200!
Trop maniaque le yanou, fallait pas plier des fringues !!
Putain clair à la rue, le mec on dirait qu’il range sa chambre, mais bon dieu magne toi le c… !!!!! J’peux pas chef !