Route des Grandes Alpes : une aventure extraordinaire (3/3)
Etape 5 : De St-Etienne-de-Tinée à Nice en passant par Menton – Fin officielle de la route des Grandes Alpes – 182km – D+3100m
Comme une habitude de ce séjour, réveil à 6h !
Une dernière longue journée de 182km qui m’attend pour rejoindre la Côte d’Azur.
6h37 en route, cap sur Nice d’ici ce soir si tout se passe bien ! Cela commence en douceur par un long faut plat descendant de 34km avant de m’attaquer aux routes de l’arrière pays.
Col de la Colmiane – Col Saint-Martin
Premier col de la journée, le col de St Martin (ou de la Colmiane – station de ski).



Une montée de 16.5km à 6% de moyenne, encore de l’exigence au programme. Les premiers kilomètres sont tout ce que je n’aime pas trop en montagne. Des routes dessinées à flanc de falaise, je ne m’y sens jamais vraiment très à l’aise. Bien que ces routes soient centenaires, les éboulements à répétition des dernières années me font penser que l’homme ne doit jamais oublier son infériorité sur la nature.
Le départ matinal a été judicieux, les températures vont très rapidement grimper aujourd’hui. Plus il y aura de kilomètres parcourus avant la mi-journée, meilleure sera la fin du parcours.
La suite est plus rassurante mais ce col est tout de même bien exigeant. Il faut attendre longtemps la délivrance du sommet.
A cette heure, peu de cyclistes sur les routes, je fais donc cavalier seul. 1h45 plus tard, je pénètre dans la station de La Colmiane. Une belle étape de franchie et surtout une belle perspective, la descente vers Saint-Martin de Vésubie pour le petit-déjeuner, une pause gourmande toujours très attendue.
Vallée de la Vésubie – Le choc
Dans cette descente, je vais me prendre la grosse claque de ce séjour. Une image qui restera longtemps gravée dans ma mémoire. Nous avons tous été marqué par la catastrophe de la vallée de la Vésubie en 2020. C’est exactement cette vue à 360 degrés que je découvre, c’est ahurissant !

Le couloir béant laissé par le passage des torrents d’eau qui avaient déferlé depuis la montagne est effrayant. A certains endroits, une largeur de 100m voir plus. Je regarde ce triste spectacle, totalement abasourdi. Certaines routes ont disparu, les ponts n’existent plus. En gare de Marseille St Charles, j’ai même un local qui m’apprendra que ce sont 90 maisons qui ont disparu dans cette catastrophe. On parle de 255 foyers sinistrés,12 victimes, une facture évaluée à 800M€ pour les dommages matériels.
Je n’imagine pas la peur et la douleur ressentie par les habitants de cette vallée.
Même les engins de chantier paraissent tout petit dans le décor. Et ils sont nombreux à s’activer pour redonner vie à cette vallée meurtrie.



A Saint-Martin de Vésubie, la vie a repris ses droits mais sans doute plus comme avant. Chacun doit connaître de près ou de loin quelqu’un de sinistré. Et surtout que faire ? Rester où l’on possède ses attaches ou fuir un mauvais souvenir. Sans doute une question pas si simple à laquelle répondre pour nombre d’entre eux.
Après cet épisode très marquant, retour à la réalité de mon périple. Je profite d’un bon petit-déjeuner en terrasse au centre du village. Une boulangerie accueillante où se mêlent locaux, randonneurs et cyclotouristes.
Col de Turini
Cap maintenant sur le prochain col, un col mythique pour les passionnés de sport automobile. Le col de Turini, rendu célèbre par son histoire avec le rallye de Monte-Carlo. En 2025, c’était la 93ème édition. Comme souvent le rallye accueillait la première manche du championnat du monde des rallyes.
Le col de Turini est très exigeant, une ascension de 15.2km à 7.5% de pente moyenne pour un dénivelé positif de 1104m.
En revanche, c’est un super col à faire car la route est très belle. Il bénéficie d’un cadre très ombragé par forte chaleur.
Dans la montée je me fais doubler par un autre copain « La Vache qui rit ». Finalement, il plafonne un peu et je finis par lui revenir dessus. S’engage alors la conversation, un cyclo jurassien pure souche. J’en profite pour lui demander de ce qu’il pense de son Canyon Grizl. Il en est visiblement très très content et est ravi de son choix. Un compromis qui lui permet de faire de la route et des chemins avec une seule et même monture.





Nous poursuivons notre route ensemble jusqu’au sommet. Quelques photos souvenirs comme d’habitude puis un nouveau coca bien mérité en terrasse. Même s’il est déjà 13h, je prends le risque de trouver mon repas plus tard dans la vallée du côté de Sospel.
Le col m’a fait réaliser à quel point ces pilotes ont un petit grain dans la tête. Dans ce col, pas le droit à l’erreur si vous ne voulez pas vous retrouver dans le ravin. Ou si vous faites une erreur, mieux vaut aller taper la montagne à gauche.
En haut du col, un attroupement de belles mécaniques, de richissimes Monégasques venus déjeuner à l’hôtel des 3 vallées en Lamborghini.
Un groupe de cyclistes déboule comme des furieux au sommet, et filent vers la vallée tout aussi vite. 4-5 coureurs de l’équipe pro Ineos, dont Geraint Thomas (ce n’est pas moi qui l’ai reconnu mais des locaux). On repassera pour la photo souvenir 🙂
Sospel – Dernière pause déjeuner au calme
Je me dirige vers Sospel. Je retrouve mon jurassien quasiment à l’arrêt. A priori il a très mal au ventre et aurait besoin de se débarrasser de quelque chose. Ne pouvant pas faire grand chose pour lui, je file.
24km de descente et enfin Sospel, une commune très charmante en bord de la Bévéra. 13h05, je ne suis plus qu’à 22km de Menton, la fin officielle de la route des Grandes Alpes. Ca sent bon la validation du défi, tout cela bien entier et dans le timing envisagé.
Dernier repas de cyclotouriste en terrasse, encore un moment fort agréable. Petit croque-monsieur, quiche, flan pâtissier et un café. Toujours des plaisirs très simples mais qui sont tellement réparateurs. Le plein des bidons pour une après-midi qui s’annonce très chaude. 1h20 de pause, j’en ai vraiment bien profité de Sospel !
Il me reste le tout dernier col de cette route des grandes Alpes. Le col de Castillon débute dès la sortie de Sospel. Une ascension plus proche des standards du Beaujolais. 7km et une pente moyenne de 5.3%, de quoi finir sur une dernière note pas trop salée qui ne risque pas de puiser dans mes dernières forces.

Le passage au sommet du col se fait par un petit tunnel pour basculer sur la vallée voisine.
Menton – Fin de la route des Grandes Alpes
Cap sur Menton, plus que 15km de descente, hâte de me prendre en photo devant la plaque officielle.
Dans la descente, le trafic s’intensifie peu à peu. A l’entrée de Menton, je comprends que la quiétude des montagnes touche à sa fin. Dès lors, la fin de parcours pour rejoindre mon camping à Cagnes-sur-Mer se fera en grande partie au milieu du trafic.
La côte d’Azur est déjà bondée en cette fin de juin. Je me demande bien à quoi cela peut ressembler en juillet et août. Pour moi, c’est déjà beaucoup trop d’agitation.
Je me rapproche de la fin officielle de la route des Grandes Alpes. A un tout petit détail près, je me rends compte que la trace GPX officielle que j’ai téléchargé depuis le site ne passe pas à l’endroit où se trouve plaque officielle de fin du parcours. Et j’ai déjà passé ce point depuis 2km. Demi-tour, quand même je ne peux pas ne pas faire une photo souvenir ! Arrivé sur place, impossible de trouver cette foutue plaque. Ce sont des petits jeunes qui vont me l’indiquer.



Ca y est je suis au bon endroit. Pas de cyclistes pour immortaliser l’instant mais de nombreux motards. Ce sont eux les les plus représentés sur cet itinéraire. Hyper heureux de l’avoir fait, d’avoir su endurer un parcours de 705km et 17 000m de dénivelé positif à travers les plus belles routes des Alpes et cols mythiques.


Road to Nice – Fin de périple
La fin du périple réel n’est pas encore ici à Menton. Il me faut maintenant rejoindre Cagnes-sur-Mer en passant par le col d’Eze. Un col dont qui rappelle des souvenirs aux amateurs de cyclismes. Encore 47km, au milieu des véhicules et sous une très forte chaleur. Passage par la Turbie juste avant le sommet du col. La Turbie un nom que tous les footeux connaissent comme le camp de base de l’AS Monaco.


J’ai trouvé cette ascension, bien que très douce (3.5% de moyenne), très longue du fait de ses 16.5km. Passage du col puis descente vers Nice et je profite de la promenade des Anglais.
Beaucoup de triathlètes en roulage cool. Normal, le surlendemain il y aura l’Ironman de Nice. Les organisateurs sont en pleine installation. Le dispositif occupe beaucoup de place sur la promenade des Anglais, ce qui prouve le succès de cette épreuve.
Je ne m’arrête pas, je dois être vigilant sur le timing. Je ne veux pas arriver trop trop tard pour être certain de pouvoir profiter de ma dernière soirée.



Un petit camping tenu par une famille depuis de nombreuses années. Très sympathique et surtout pas trop cher par rapport à la région. 17€ pour la nuit, cela reste correct.
Installation, douche, petit passage chez LIDL pour les courses de la popote du soir. Un dernier repas au réchaud à gaz, puis je retourne déguster une bonne glace au bord de la mer.
Sur le papier un programme plutôt alléchant. Mais la foule le long de la promenade des Anglais me met mal à l’aise. Si bien que je ne m’attarde pas tant que cela et je reviens au camping pas si tard que cela.
Dernier check de l’heure de départ de mon train le lendemain. 13km à parcourir pour revenir vers la gare principale de Nice, à prendre en compte dans mon timing.
L’avant-bilan
Dernière nuit paisible et enchantée. J’ai réussi mon défi, j’en suis content. Et il était tout de même serré niveau timing. Partir le lundi en début d’après-midi de Thonon-les-Bains pour terminer à Nice le vendredi soir, vraiment il ne fallait pas de défaillance importante. De défaillance je n’en ai point eu, seul un calcul trop ambitieux de la première étape aurait pu me coûter cher. Mais j’ai eu les ressources nécessaires pour rattraper le retard accumulé.
Une sacré aventure que je ne suis pas prêt d’oublier. Dommage de n’avoir pas plus de temps pour effectuer ce parcours. D’un itinéraire touristique, cela s’est partiellement transformé en itinéraire sportif. Mais voilà, il faut composer avec ses contraintes et les miennes étaient que je n’avais que 5 jours de disponible.
Il faut quand même de bonnes jambes car il faut assumer l’enchaînement quotidien du dénivelé positif et porter les kilos du matériel. Le mode camping ne m’a pas vraiment posé de problème mais c’est toujours plus simple lorsque le temps est sec.
Me reste à faire un petit bilan, histoire d’avoir en tête les points positifs et négatifs que j’ai noté sur cette aventure, le matériel qui a pu me manquer ou encore les choses superflues.
