Triathlons et Cols Mythiques

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Route des Grandes Alpes : une aventure extraordinaire (1/3)

A l’instar des élites qui font de plus en plus de projet « OFF », moi aussi je suis de plus en plus attiré par des projets en dehors de toutes formes de compétition.

A cela une raison déjà évoqué, plus que la compétition, ce qui me fait vibrer au final dans tout ce que je fais, c’est l’aventure, la découverte de nouveaux paysages, et se lancer dans des projets à la fin incertaine.

Et parmi ceux-ci, la route des Grandes Alpes était quelque part dans ma tête depuis 2021.

Une route mythique qui relie les Alpes du nord au sud ou du sud au nord, de Thonon-les-Bains à Menton (et même Nice pour moi).

Un parcours fascinant pour un amoureux du vélo mais tout aussi effrayant, au cœur des cols légendaires des Alpes: Joux Plane, Colombière, Aravis, les Saisies, Cormet de Roselend, Iseran, Télégraphe, Galibier, Izoard, Vars, cime de la Bonette, Turini.

Patience, résistance, courage, il faudra un peu de tout pour arriver à bout de cette route des Grandes Alpes.

Préparation – formule, paquetage et itinéraire

Mais avant de se lancer, il a fallu préparer le rendez-vous.

Tout d’abord il me fallait choisir une formule. M’étant partiellement équipé en matériel bikepacking il y a 2 ans, j’ai complété mon équipement pour me lancer dans une aventure en full autonomie. C’est à dire que j’étais en mesure de faire l’ensemble du parcours sans aucune assistance.

Paquetage

Liste du matériel que je possédais déjà :

  • Sacoche de guidon
  • Sacoche sous cadre
  • Sacoche de selle

Matériel acheté en complément

  • Sacoche sur cadre pour petit matériel
  • Tente légère 2 places Ferrino Lightent 2 pro (j’ai sacrifié un peu de poids, environ 500g, contre un peu plus de confort)
  • Tapis de sol Ferrino Footprint Lightent 2 pro
  • Popote Forclaz 1pers – MT500
  • Réchaud Forclaz – MT500 + cartouche gaz
  • Matelas Simond MT500 taille L

Un petit investissement tout de même de 340€ pour avoir la panoplie parfaite du bikepacker.

Bien entendu, je ne me voyais guère bivouaquer lors de ce trajet. Outre les questions de sécurité et d’autorisation, c’est surtout le fait de ne pas pouvoir prendre une bonne douche chaque soir qui me posait problème.

Donc au cours de cette préparation, j’avais soigneusement identifié par étape des campings susceptibles de m’accueillir.

Itinéraire

Côté itinéraire, je me suis appuyé sur le site officiel de la route des grandes Alpes pour tracer mes étapes.

Et ces étapes devaient tenir compte de mes contraintes :

  • Départ de Thonon-les-Bains le lundi 23 juin après-midi (aucun train matinal vers cette gare pour débuter plus tôt)
  • Arrivée à Nice le vendredi 27 juin au soir
  • Retour à la maison le samedi pour faire un coucou à ma fille avant son départ en vacances.
  • Comme l’itinéraire fait 735km au total, cela signifiait donc une moyenne de 163km par jour. Si on ajouter à cela le dénivelé, il ne fallait pas perdre trop mon temps sur la route.

Un itinéraire que j’avais eu le temps d’étudier depuis 4ans. Voici donc la liste des étapes que j’avais tracé :

  • ETAPE 1 – THONON-LES-BAINS / LE GRAND BORNAND – 127KM – D+3320M
  • ETAPE 2 – LE GRAND BORNAND / VAL D’ISÈRE – 131KM – D+4300M
  • ETAPE 3 – VAL D’ISÈRE / BRIANÇON – 159KM – D+3410M
  • ETAPE 4 – BRIANÇON / ST ETIENNE DE TINÉE – 136KM – D+4335M
  • ETAPE 5 – ST ETIENNE DE TINÉE / NICE – 162KM – D+3840M

La dernière inconnue était la météo de la semaine. Jusqu’au Dimanche soir j’ai hésité et même presque annulé en raison d’orages annoncés sur les reliefs alpins.

Et puis, bien soutenu et encouragé par les enfants qui sentaient que j’avais plus qu’envie de le faire, je me suis décidé à partir, quitte à devoir abandonner en cours de route si le temps n’était pas en ma faveur.

Rejoindre Thonon-les-Bains

Tout a commencé par le trajet entre la maison et le KM0 officiel de la route des Grandes Alpes, juste devant l’hôtel de ville de Thonon-les-Bains.

Même s’il y a encore un peu de progrès à faire, sur les lignes de TER de la SNCF il reste assez facile de se déplacer à bord des trains avec son vélo. L’engouement pour ce type de voyages grandissant, il y a même des systèmes de réservation obligatoires de place vélo qui commencent à être mis en place sur certaines lignes pour anticiper l’affluence « voyageurs à vélo ». J’y aurais le droit au retour sur Marseille-Lyon et Lyon-Villefranche.

Pas de chance pour moi, pas de train matinal, et avec 3h30 de trajet, je ne pourrais arriver sur place que vers 12h30.

Arrivé sur place, il me restait 3 formalités : acheter une crème solaire en pharmacie, un arrêt boulangerie pour une bonne pause repas avant le départ, et enfin faire quelques photos souvenirs devant la plaque pour débuter l’album souvenir.

KM0 route des Grandes Alpes


ETAPE 1 – THONON-LES-BAINS / LE GRAND BORNAND REPOSOIR – 127108KM – D+33202642M

Vue du lac Léman depuis Thonon-les-Bains.

13h30, c’est le grand départ pour une aventure à l’issue incertaine.

Acte 1 RGA - En route pour Le Grand Bornand

Feu ! Comme un signe, à peine sorti de Thonon-les-Bains, le tout premier col de cette aventure porte bien son nom : le col de Feu. Une montée courte certes, mais plutôt violente pour une première ascension. 6,1km, D+466m, pourcentage moyen 7.5%.

Autant dire que ça pique d’entrée surtout en plein après-midi. Vous comprenez tout de suite ce qui vous attend pour la suite.

Comme l’appétit vient en mangeant, la forme vient en enchaînant les cols, il faut donc laisser le corps s’habituer à ces efforts.

Panneau du sommet du col du Feu

Suite au passage en haut du col, je vais avoir des difficultés à trouver la route pour rejoindre la vallée qui me mène à Morzine. Les parcours sont pourtant bien téléchargés sur ma montre Garmin (pas de compteur GPS), mais malgré tout parfois les indications sont incomplètes ou erronées.

Je perds un peu de temps précieux pour la suite mais d’un autre côté, il vaut mieux éviter les erreurs de parcours.

J’arrive à Morzine au bout de 2h40, soit un peu plus de 16h. Comme je le savais, le timing est serré pour cette première journée. Il me reste le long col de Joux Plane puis le col de la Colombière avant de plonger vers le Grand Bornand.

Vue du col de Joux Plane depuis Morzine


Col de Joux Plan – 1700m

Dès la sortie de Morzine, j’attaque donc ce très pentu col de Joux Plane : 10,7km, D+747m, pourcentage moyen 7.5%. Un dénivelé moyen qui cache une réalité, des kilomètres beaucoup plus difficiles, 6km entre 9 et 10.5%.

Vue du paysage proche du sommet du col de Joux Plane

Une ascension longue et éprouvante avec fort heureusement un soleil qui va progressivement se cacher, limitant l’effet de la chaleur.

Panneau sommet du col de Joux Plane - RGA Acte 1

Longue descente ensuite vers Samoëns qui me permet de me remémorer ces souvenirs de jeunesse où nous étions venu voir ici même une étape du tour en 1997, la grande époque de Pantani qui était parti dans un raid solitaire devant Ullrich et Virenque. La descente à Samoëns le matin et la remontée du col avec mon pain à la main que j’aurais pu vendre 50 fois je pense, une nuit en tente en pente après quelques rasades de Get27 ! Tout cela à 3 avec le Danou et Jéjé.

En passant à Samoëns, il me reste alors 26km de route de plaine pour rejoindre Cluses. J’arrive à Cluses à 19h25, j’ai appelé le camping peu avant pour réserver ma nuit. Mais je commence sérieusement à douter. Le temps est très incertain, il semble pleuvoir sur la montagne.

Col de la Colombière – 1618m – Part 1

Je dois surtout gravir le dernier col de la journée, le col de la Colombière, long de 17.5km et surtout 6.5km finaux à 8.5% de moyenne, que je connais très bien pour les avoir déjà gravis dans les mêmes conditions, c’est à dire après un long raid. Et je me souviens avoir énormément souffert lors de cette étape du tour 2018.

Bref, j’ai de plus en plus de doute en ma capacité à franchir le col de jour et sans me prendre un bon orage sur la tête. Je repère un plan B. Apparemment, dans la montée au Reposoir, juste avant les pourcentages difficiles, il y a une aire de camping car qui semble plutôt bien aménagée selon les informations d’Internet. Je décide donc de me donner comme premier objectif ce lieu et prendre une décision lorsque je serai sur place.

Le début du col n’est pas très difficile mais je suis malgré tout bien fatigué. Cette pression de la montre ne me facilite pas la tâche, je ne suis pas très détendu. Heureusement, côté météo, le risque d’orage semble maintenant être écarté.

Le Reposoir – 1er campement

Au final, je n’attends pas le Reposoir, je rappelle le camping et annule ma réservation, je ne me sens pas franchir le col ce soir. J’arrive à 20h20 au Reposoir. Un restaurant/bar y est encore ouvert, je vais planter rapidement la tente et irai m’y restaurer.

RGA 2025 - Camp de base 1 - Le Reposoir - col de la Colombière

Je m’installe en bout d’une piste de ski, à une heure aussi tardive, je ne pense pas que l’on vienne me reprocher de m’y être installé. Il y a 2-3 camping cars déjà installés, des toilettes automatiques qui feront l’affaire. Malheureusement il faudra faire l’impasse sur la douche. Et vu la sueur de le journée, cela n’annonce pas une très bonne nuit.

Je reprends le vélo pour me rendre au resto/bar. Malchance, entre temps celui-ci a fermé et il n’y a visiblement rien d’autre. J’interroge quelques habitants qui me confirment ce que je pensais. Pas de douche, pas de dîner, une première journée qui se termine bien mal. Demain matin, il faudra compter sur les barres énergétiques pour passer le col avant de prendre une grosse collation au Grand Bornand pour affronter la 2ème journée.

Pour l’instant j’ai donc 15km et 600m de dénivelé positif de retard sur l’itinéraire tracé.

J’attache le vélo aux rondins de bois de l’aire de repos et me voici parti pour une 1ère nuit de bivouac improvisé.

ETAPE 2 – LE GRAND BORNANDLE REPOSOIR / VAL D’ISÈRESEEZ – 131117KM – D+43003307M

Aucun mal à dormir malgré des conditions particulières, la fatigue se chargeant de vous coller au lit. Mais franchement, pas idéal de s’endormir sans une bonne douche, fort désagréable.

Le lendemain matin je me réveille de bonne heure pour repartir au plus tôt. Mais par manque d’expérience, je mets 1h30 à plier mes affaires et recharger le vélo.

Heureusement, les premiers effets de la curiosité s’offrent à moi. Un habitant d’une maison jouxtant l’aire de repos m’aide à fermer le sac de la tente et me propose même un café. Un avant-goût de ce que je vais vivre tous ces jours.

Col de la Colombière – part 2

Si bien que je m’élance à 7h15, ce qui en soi n’est pas tard. Mais j’ai besoin d’une plage horaire la plus longue possible pour rattraper le retard de la 1ère journée.

5O minutes d’une dure ascension aux aurores, une mise en jambes brutale !

RGA 2025 - Vue du sommet du col de la Colombière

Heureux d’arriver en haut de ce col de la Colombière et de profiter du beau panorama au sommet. Prochain objectif plus que motivant le repas/petit-déjeuner.

Panneau indicateur sommet du col de la Colombière - RGA 2025

Je repère une adresse au Chinaillon, rattaché à la station du Grand Bornand. L’établissement est ouvert, je m’y arrête. Sandwich, 2 viennoiseries, café, ça va vraiment me faire le plus grand bien. Après ce bivouac improvisé, 2ème anecdote du périple, je croise la route de l’ancienne championne Tesla Worley, installée dans la station et qui a terminé sa carrière sportive en 2023.

Il ne manque plus qu’une bonne douche mais celle-ci devra attendre la fin de journée.

Le Grand Bornand - vache en paille

Prochaine étape, le col des Aravis au-dessus de la Clusaz que je connais très bien. Un col très roulant qui devrait m’assurer une première partie de seconde étape plutôt facile.

Col des Aravis – 1486m

Pas le temps de trop faire le touriste au Grand Bornand ou à la Clusaz, il faut garder en tête le timing. Au-dessus de la Clusaz, je rejoins un groupe de cyclistes éparpillés, ça permet de rendre la montée plus facile. Je vais finir l’ascension avec un suisse qui se rend également à Menton en formule ultra légère bikepacking, ses nuits se déroulant à l’hôtel. Une première montée causette, très sympa, l’occasion d’échanger sur ses pratiques et d’autres choses.

Sommet du col de Aravis - Chapelle

Une jolie pause en haut du col des Aravis et nous partons en direction des Saisies. Je continue la route à 2.

RGA 2025 - Vue du sommet du col des Aravis
Panneau du sommet du col des Aravis


Col des Saisies – 1650m

Au pied du col des Saisies, la route initiale est déviée à Notre-Dame-de-Bellecombe en raison d’importants travaux. Il nous faut prendre le second itinéraire via Crest-Voland, un peu plus exigeant. Le tout en ayant pris le temps de faire le plein des bidons. C’est le genre d’erreur à ne pas faire pour de longues ascensions. De plus, la température commence à monter il fait déjà bien chaud.

Nous montons à 2 jusqu’au sommet du col. Nous arrivons à 12h30 aux Saisies, mon acolyte d’un jour bascule pour déjeuner dans la vallée. Moi, je profite de la station des Saisies pour faire ma pause repas. Un bon resto permettra de combler définitivement le retard d’énergie accumulé de la veille.

Panneau du sommet du col des Saisies

Un bon plat de pâtes au saumon très bien cuisiné, une bière, un dessert. Ces petites parenthèses gourmandes font du bien au moteur et au moral.

Vue du sommet du col des Saisies - RGA 2025


Cormet de Roselend – 1968m

Une heure plus tard je reprends ma route pour le dernier gros morceau de la journée le Cormet de Roselend. 20km d’ascension, 6.5% de pente moyenne et 1254m de dénivelé positif. 12 premiers km réguliers mais exigeant entre 7 et 8%. Puis, 2.5km de relâche et un nouveau passage difficile de 3km à la sortie du lac avec des pourcentages autour des 8%. Et pour finir une pente bien moins raide pour les 2 derniers kilomètres.

Il fait chaud, l’ascension est longue. Je suis content de faire le plein des bidons au barrage. Je profite d’un bon coca bien frais en terrasse avant de poursuivre la fin du col.

Panneau du sommet du col du Méraillet - Lac de Roselend

De superbes points de vues, un temps superbe, certes de la chaleur mais c’est vraiment très sympa.

Bascule au sommet, le temps de faire les quelques habituelles photos souvenirs.

Panneau du sommet du Cormet de Roselend - RGA 2025

Après avoir regardé mes arrêts possibles, j’ai décidé de m’arrêter 1km après Bourg Saint-Maurice à Seez très exactement. Autant j’aurais sans doute eu les jambes pour poursuivre jusqu’à Val d’Isère et rattraper mon retard. Mais il semble que ce soit plus un arrêt type aire de camping plutôt qu’un véritable terrain de camping. J’ai besoin d’une douche, dans le doute j’ai donc pris cette sage décision. Ce qui m’offrira une belle pause et on misera tout sur le 3ème jour pour rattraper le retard.

Bourg Saint-Maurice – Fin d’étape 2

A Bourg Saint-Maurice, je file direct à l’Intersport local pour faire le plein de barres énergétiques. Je dois aussi m’acheter une serviette microfibre car je me suis souvenu que j’avais oublié la mienne. Et pour la douche ce sera bien utile 🙂

17h45, je suis au camping pour m’installer. Un camping bien ombragé, calme, simple, parfait. Les priorités sont claires, faire une première lessive (produit offert par le camping) et nettoyer la tenue que je porte depuis 2 jours. Et juste après le bonheur d’une bonne douche. Les 2 premières journées ont été éprouvantes, cela va me faire le plus grand bien.

Camping de Seez

Manger, se doucher, après une journée d’effort croyez-moi que les plaisirs sont ultra simples.

Une première popote maison, une bonne gamelle de pâtes agrémentée d’une bonne sauce tomate, de fromage râpé, le bonheur !

Petite balade digestive et je me couche pas trop tard.

Campement du camping de Seez

La 3ème journée s’annonce décisive pour mon timing. Je mise tout sur cette étape pour rattraper le retard accumulé.

A la fin de cette seconde journée, j’ai maintenant 28km et 900m de dénivelé positif de retard.

2 réflexions sur “Route des Grandes Alpes : une aventure extraordinaire (1/3)

  • Joli début de parcours!! Trop calibré pour moi. Oui oui, on ne croirait pas mais moi je fais du plat sans réserver le camping ainsi les étapes sont moins définies. Vivement la suite!

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    • Disons que les parcours sans véritable itinéraire ce sera pour la retraite. Pour l’instant on compose avec ses contraintes. Et pas que, car en montagne il y a aussi le fait que l’on ne trouve pas des campings à tous les coins de rue. Donc de ce fait l’improvisation s’en trouve réduite. Car la belle étoile sans douche, c’est amusant pour les souvenirs mais je préfère de loin de la bonne douche et dormir propre.

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