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SaintéLyon 2024 : expérience inédite…

… Dans la peau de l’accompagnateur. Après avoir même vécu la 69ème édition de la SaintéLyon en tant que participant, je partais pour une nouvelle expérience cette année. Vivre la SaintéLyon 2024 de l’intérieur et observer l’envers du décor.

Mais accompagnateur de qui ? Ninnie ! Après 4 SaintéExpress tout aussi exigeantes (46km au départ de Sainte-Catherine) avait décidé de se mesurer à l’intégrale de cette SaintéLyon 2024. Et pour ce 70ème anniversaire de la doyenne des courses nature en France, le parcours était à la hauteur de l’événement.

De 78km en 2023, les organisateurs ont poussé le parcours à 83km en 2024 et un dénivelé positif D+2500m !

Même si elle n’avait pas souhaité que je sois son pacer pendant la course, elle n’allait pas vivre l’aventure en solo. 5 membres de son asso « Dombes Running Evasion » avaient également fait le déplacement. Ghislain, encore blessé, allait d’ailleurs l’accompagner tout au long de cette aventure.

SaintéLyon 2024 – Etape 1 : écouter les consignes

Être l’accompagnateur c’est d’abord se voir confier un rôle : celui d’apporter un soutien logistique régulier à la coureuse. Pour chaque ravitaillement, Ninnie avait donc préparé un sac. Celui-ci devait couvrir ses besoins au point de passage.

Sans avoir la même gestion de l’hydratation et de l’alimentation, il me paraissait que le contenu des musettes était disproportionné. Il fallait aussi compter sur les ravitaillements déjà mis à disposition par l’organisation. Mais on le sait tous, la réussite d’une épreuve c’est aussi la sérénité psychologique. C’est encore plus vrai quand le défi est impressionnant.

L’assistance devant démarrer au km38 à Sainte-Catherine, j’avais donc 3 sacs pour les ravitaillements de Sainte-Catherine, St-Genou et Soucieu-en-Jarrest.

Restait à ne pas arriver en retard aux points de passage et à ne pas s’endormir sur le parcours 🙂

SaintéLyon 2024 – Etape 2 : se lever tôt (ne pas se coucher surtout) et rejoindre la course

Officiellement ma présence était prévue à Sainte-Catherine. Mais j’avais gardé une option sur St Christo-en-Jarez. 2 objectifs : celui de pouvoir voir le passage des leaders avant de les perdre de vue et aussi porter mes premiers encouragements à la guerrière du jour.

J’avais tablé sur une arrivée un peu avant 1h du matin sur place. Les premiers concurrents s’élançant à 23h30, cela me paraissait être le bon timing pour voir la tête de course. Malheureusement c’était sans compter les petites hésitations de direction sur la route.

Bref, départ à 23h30 et arrivé à 1h05. J’ai du me contenter de la tête de course mais à partir de la 20ème place. Mais déjà, j’ai pu constaté que c’était du sérieux. Malgré un gros raidar juste à la sortie du 1er ravitaillement, ça repartait en courant. Les premiers n’étaient donc pas là pour enfiler des perles !

Puis, je me suis rapproché du ravitaillement. Je n’ai gardé aucune image en tête, ou presque, de mon aventure en 2023. Une belle montée juste avant le ravitaillement que j’avais totalement zappé de ma mémoire.

KM20, on sent que les organismes ne sont pas encore trop attaqués. Il y a encore beaucoup de relâchement sur les visages, ça plaisante, ça discute. Le flux est continu. Bien entendu, entre les premiers et les derniers les écarts sont déjà importants. Mais ça ressemble encore à un gros gros peloton étendu.

J’ai au moins le plaisir de voir le passage des premières féminines en ordre dispersé. C’est assez drôle d’ailleurs, en trail et en course en règle générale, souvent les premiers forment des groupes. Ce n’est pas quelque chose que j’ai déjà vu du côté de la compétition féminine. Est-ce parce que les niveaux ne sont pas suffisamment homogènes ? Ou que les filles ont juste une stratégie de course calquée uniquement sur leur propre plan de course ?

Là où les Cardin, Dhiman, Witek, Chassagne se sont tirés la bourre et ont fait route ensemble jusqu’à l’attaque décisive de Thomas Cardin, pas de cela chez les filles.

En tout cas, ça respire la concentration et la détermination chez les filles de tête. L’encadrement est bien présent pour leur assurer la logistique dont elles ont besoin.

Retour à nos stars du jour. Au bout de 2h30, les 2 compères du jour pointent le bout de leur nez. Comme tout le monde, la fraîcheur est encore bien là. Par contre pour eux, au milieu de la masse, c’est un peu la queue au ravitaillement. Et il faut se ravitailler mais ne pas non plus trop traîner, la nuit et le froid peuvent être traitres.

Même si cette année les conditions météo sont sans doute les meilleures des 4-5 dernières éditions, le thermomètre flirte tout de même avec les 0 degré. J’en avais fait les frais en 2023, et après ce 1er ravito cela avait été une longue traversée du désert. Pour avoir simplement quitté les gants pour m’alimenter, je ne sentais plus mes doigts sur les kilomètres qui suivirent et j’avais vraiment songé à l’abandon.

Ressenti au bout de 20km, Ninnie a le smile, le mental mais les jambes sont déjà douloureuses.

SaintéLyon 2024 – Ravitaillement de Sainte-Catherine – km33

Entre St christo et Sainte-Catherine, il y a 16km, un tout petit peu moins par la route pour moi. Je vais avoir un premier temps de pause à m’accorder. Une sieste, certes courte, mais au chaud. Après 2h30 dans le froid, ce sont 45 minutes bienvenues surtout à 4h30 du matin.

Vers 5h30, je quitte mon cocon pour rejoindre le ravitaillement. A Sainte-Catherine, il faut faire une belle marche pour le rejoindre.

Les 16 kilomètres qui viennent de passer ont déjà complètement changé la donne. D’abord les écarts sont beaucoup plus flagrants. D’un flot continu, on est passé à des rangs clairsemés. Les mines sont déjà beaucoup moins joyeuses. La tentation de monter dans les bus qui attendent les relayeurs et les DNF doit certainement traverser la tête de certains.

On constate également les premiers bobos de la nuit avec quelques chevilles qui ont souffert. Mais surtout, ce qui me frappe c’est que je m’attendais à des profils différents dans l’arrière du classement. En fin de compte, il y a de tout. Que ce soit des coureurs qui semblent des coureurs chevronnés, des athlètes bien taillés ou bien encore des profils comme Ninnie qui ne sont pas là pour la compétition mais simplement pour se défier et venir à bout de l’épreuve.

6h14, c’est l’heure à laquelle je retrouve Ninnie et Ghislain à Sainte-Catherine. Des hauts, des bas visiblement mais toujours là et sans bobo et c’est bien là l’essentiel. Comme à mon habitude, j’ai lu les messages en travers. J’ai oublié la seconde paire de chaussures demandée par Ninnie. Heureusement, ce n’était pas indispensable mais ce fût apprécié.

Le temps d’échanger quelques mots, d’improviser une petite interview, les accompagner quelques centaines de mètres et ils repartent vers St Genou la prochaine étape.

Petit bonheur personnel après leur passage, le bar du village est ouvert et je me prends un bon petit café qui réchauffe le corps.

SaintéLyon 2024 – St Genou – km48

Entre Sainte-Catherine et St Genou, la route va s’annoncer chaotique. D’abord router par la GPS dans des petites routes , certes bucoliques, mais complètement paumées, je me retrouve complètement bloqué dans un village justement en raison de plusieurs dizaines de voitures d’accompagnateurs. Je dois faire un long détour pour rejoindre enfin St Genou. A un moment même, je me retrouve , un peu honteux, en plein milieu des coureurs. Merci le GPS !

Mais cela fait aussi partie du charme de l’aventure. En novice, je ne connais pas les routes d’accès les plus appropriées.

Une seconde sieste de 45 minutes et les premières lueurs du soleil qui apparaissent et qui font du bien après une longue nuit froide et fatigante.

Le lever du soleil ici est vraiment superbe, j’en profite pour faire quelques photos.

La barrière horaire est fixé à 10h, ils ont encore de la marge mais le matelas diminue. C’est à 9h10 que je les vois débarquer. Le visage de Ninnie est marqué, la mi-course est maintenant passé (KM46). A partir de là, chaque kilomètre passé sera pour Ninnie un nouveau record de distance. Et le but final est bien entendu d’aller chercher le record des 83km.

Je n’ai pas oublié les chaussures de rechange. Mais après un essai, finalement, Ninnie décide de garder les chaussures qu’elle a depuis le départ. Comme tout compétition, ce ne sont pas les douleurs que l’on attendait qui apparaissent. Pour Ninnie, c’est son névrome qui s’est réveillé et qui la fait terriblement souffrir. Et puis également un mal de tête.

J’avais parlé de rangs clairsemés à Sainte-Catherine. Là on commence plutôt à être sur une ambiance « Les rescapés de la SaintéLyon ».

J’assiste à quelques abandons en direct, sur épuisement si je comprends bien. La nuit a été fatale à certains.

SaintéLyon 2024 – Soucieu-en-Jarrest – km61

Pour ce 4ème ravitaillement, je sais que je vais avoir du temps. En plus les commerces, et notamment boulangeries et bars, sont maintenant ouverts, je me réjouis à l’avance d’un bon petit déjeuner.

Arrivé à Soucieu, je me mets en quête de quelques viennoiseries.. Eh bien rien du tout ! Entre un boulanger fermé pour cause d’appendicite soudaine dans la semaine et l’autre boulangerie qui n’a pas anticipé le surplus de clientèle et qui est dévalisée, je me retrouve bredouille et surtout bien déçu.

Je me prends tout de même un chocolat chaud qui manque de gourmandises en accompagnement. En guise de bonnes petites viennoiseries, je me retrouve au petit casino à acheter des pains au lait.

Reste à attendre notre duo qui en a fini avec la grosse partie ascendante de l’épreuve et qui entame la longue descente vers Lyon. Mais cela, c’est sur le papier. Au bout de 61km, la notion de montée ou de descente est beaucoup plus relative. Seule la fatigue l’emporte.

D’ailleurs, on le voit bien maintenant qu’il fait jour, il y a beaucoup de fatigue sur les visages, les corps sont usés.

A Soucieu, ce sont également les randonneurs qui s’élancent pour la dernière nouveauté de l’épreuve. Jusqu’à l’année dernière il n’y avait pas encore de randonnée. Mais comme un hommage à l’origine de la SaintéLyon, les organisateurs ont ajouté un format randonnée à la SaintéLyon 2024.

11h30, mes 2 rescapés sont toujours ensemble, avec encore un peu plus de fatigue mais encore le sourire. Même si l’arrivée se rapproche, il reste encore plus de 20km à parcourir, les plus durs.

Toujours pareil, par rapport à tout ce qu’elle avait prévue, Ninnie ne prend finalement que bien peu de choses. C’est logique, les ravitaillements de l’organisation sont déjà suffisants. A Soucieu, c’est plus cool, je peux même accéder au gymnase où sont accueillis les coureurs. Ca permet de se fondre encore plus au cœur de l’épreuve.

Une petite soupe bien chaude réconfortante et le duo reprend sa route.

Comme moi, rendez-vous à Chaponost, KM68, à 15km de l’arrivée.

SaintéLyon 2024 – Chaponost – km68

Autant, depuis le départ, je n’arrête pas de me dire que je n’ai gravé aucun souvenir dans ma tête de 2023 à part le froid et la souffrance, autant je me souviens très bien de ce ravitaillement de Chaponost. Pourquoi ? En raison de sa configuration.

C’est en quelque sorte une verrue sur le parcours. On doit aller chercher très loin le gymnase pour ensuite revenir sur ses pas et enfin reprendre notre route.

Et l’année dernière je n’avais pas aimé ce long aller-retour.

Presque 12h55, les 6 derniers kilomètres ont été très long, j’espère qu’il n’y a pas trop de casse.

Mais non, outre mon accueil, Ghislain retrouve également toute sa famille avec ses filles qui sont venues. Les sourires sont au rendez-vous, c’est joli à voir.

Côté Ninnie, les yeux sont bien petits mais toujours un mental d’acier, je n’ai aucun doute que ça va aller jusqu’au bout.

Et la bonne nouvelle, c’est que nos routes se retrouveront normalement sur la ligne d’arrivée puisque c’est le dernier ravitaillement avant Gerland.


SaintéLyon 2024 – L’épilogue d’une longue aventure

Ces 15 derniers kilomètres me permettent de faire un aller-retour à la maison pour récupérer les enfants qu’ils puissent également vivre l’arrivée de Ninnie.

C’est à près de 16h que les 2 héros du jour pénètrent dans la halle Tony Garnier.

J’ai connu très souvent cela quand l’on accompli un défi hors norme, il y a beaucoup d’émotions.

C’est toujours très émouvant à voir, des larmes, des rires, de la fierté, et surtout beaucoup de fatigue d’une longue nuit froide de SaintéLyon !

Bravo à notre duo d’un jour, félicitations à eux, ce ne sera jamais banal de faire 83km, 2500m de dénivelé positif dans le froid et la nuit !

Pour ma part, cela m’a permis de voir les choses différemment, de vivre au cœur de la course, le rôle d’accompagnateur est tout aussi fatigant et surtout rafraîchissant.

SaintéLyon 2024 – Résultats et classements

Pour l’anecdote, les classements mais ce n’était pas la course au chrono, plutôt un défi personnel.

Temps scratch : 15h32min46sec

Scratch : 5967ème / 6251 finishers (913 DNF) – Féminines : 641ème / 705 (99 DNF)

Classement catégorie – M1M2F : 176ème / 201

Clap de fin d’une saison, place au repos et à la réflexion pour 2025.

La refera t-elle ? Plus jamais à l’arrivée, mais quelques jours plus tard, ce n’est déjà plus le même discours 🙂

8 réflexions sur “SaintéLyon 2024 : expérience inédite…

  • Bravo Bibi pour ce magnifique récit de la SaintéLyon 2024. Nous sommes plongés au cœur de l’événement avec une grande vivacité et beaucoup d’émotion. Quelle belle aventure partagée. Enfin, et surtout, toutes nos félicitations à Juju pour son incroyable performance. Bravo pour avoir relevé ce défi avec tant de force.

    Et joyeux Noël !!!

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    • Merci Bibi et je crois que pour vraiment plonger dedans il faut la faire, une épreuve hors norme !

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  • WoW
    Merci Yann je viens de la revivre ! C’est vraiment impressionnant l’envers du décor, merci pour ton soutien, ta présence et ce retour sur la course.
    Comme toi l’an passé je l’ai fait et comme toi j’ai oublié plusieurs passages… Mémoire sélective ??
    Natacha a assuré, elle n’a rien lâché ! Elle a souffert, énormément, mais s’est accrochée.
    BRAVO

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    • Merci à vous de m’avoir offert ce backstage 🙂 Il m’a manqué des QG d’attente réconfortant mais c’était sympa !

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  • Merci encore mon Yannou ❤️ oui il y avait bcp trop de nourriture mais il vaut mieux plus que pas assez 🤪
    Il y a eu 913 abandons dont 99 femmes.
    Total Finisher 6246 dont 705 femmes 💪
    Quelle aventure et l’année prochaine pourquoi pas j’ai 3 Mois pour réfléchir 🙃😅🤪 encore merci merci Yannou Gros bisous ❤️💋

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  • Manuel Moissonnier

    Très bel article hommage peu habituel!! C’est bien raconté même si y’a un peu trop de recherches de viennoiseries dedans!! Me manque une info: le nombre de DNF! Abrazo, au rédacteur mais surtout à la sportive!

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