Ardéchoise 2016 – 2ème partie (sur 3) – La cyclo
6h30, à 1h du départ de l’Ardéchoise, on se prépare doucement, on sort les vélos, on place les roues, on vérifie la pression des pneus, on remplit les poches, on dilue les boissons énergétiques dans les gourdes, un petit appareil photo compact pour alimenter le blog, un smartphone pour enregistrer le périple sur Strava et nous voici fin prêt, nous rejoignons la ligne vers 7h15. L’ambiance a largement changé en 1h30, les vélos sont partout, je crois que nous n’allons pas rouler seuls
Pour présenter un peu l’épreuve, aujourd’hui, après 4 jours d’une grande fête du vélo, tout le monde converge vers St Félicien et les 16 768 participants de l’Ardéchoise 2016, nouveau record de participation pour cette 25ème édition, vont se retrouver pour le final de cette épreuve !
Nous sommes 5 434 à nous élancer ce samedi 18 juin de St Félicien sur 5 parcours classés : L’Ardéchoise Vélo Marathon (278km – D+ 5370m), les Sucs (234km – D+ 4310m), l’Ardéchoise (220km – D+ 4270m) la nôtre !, la Volcanique (176km – D+ 3210m), les Boutières (125km – D+ 2400m), le Doux (85km).
Tout est organisé par sas de départ formés selon nos numéros de dossard. Le Gruyère de rues formé par le village est exploité au maximum, nous sommes donc dans le sas 2000 à 4000, vous vous rappelez de nos dossards ? 3423 et 3424 !
Je me demande bien comment cela va se passer le départ, les routes ne sont pas larges, les rues gavées de vélo, on marche pendant 1km avant de rouler, comment ça se passe ?
Pas du tout, encore une fois, notre sas s’approche gentiment à pied de la ligne de départ et soudain tout le monde s’élance dans une fluidité bluffante !
Le départ
Nous passons la ligne de départ à 8h et nous savons que nous ne la reverrons pas de sitôt !
Alors avant de rentrer dans le vif du récit de la course, quelques présentations. Comme je vous l’ai dit, nous avions retenu l’étape originelle de ce rassemblement qui lui a donné son nom : l’Ardéchoise !
220km d’un périple sur les routes du nord de l’Ardèche. Surtout 10 ascensions à franchir, des cols dont les pourcentages ressemblent à ceux du Beaujolais (autour de 5% en moyenne, des pentes maximales à 7,5% sur 1km) avec comme différence 3 cols d’une longueur de plus de 12km qui sont plutôt rares chez nous.
Au total, 80km d’ascension soit 36% du parcours à grimper !
Voilà pour les réjouissances, Pierre a de son côté 4 Volcaniques dans la musette (dont quelques beaux temps scratch que vous aurez remarqué sur son inscription), il connaît bien ces routes, il va découvrir le détour de 50km supplémentaires. Il est bien monté en puissance ces 15 derniers jours mon Pierrot et je sais qu’il sera au point physiquement.
Pour moi, encore 1 fois, aucun repère sur cette distance, un record de distance qui va bondir de 70km d’un seul coup après les 150km 15 jours auparavant lors de l’envolée du Grand Colombier. Bien évidemment, ma bonne réaction à l’effort dans l’envolée du Grand Colombier me fait aborder plutôt sereinement ce rendez-vous sans être confiant pour autant. C’est surtout la relative douceur des pourcentages qui me rassure.
Le départ du parcours s’élève rapidement puisque nous attaquons quasiment tout de suite la première bosse, le col du Buisson (920m, 10,5km à 3,8% de moyenne). Pierre est déjà chaud comme la braise, il n’a pas l’air décidé de se reposer et il remonte comme un fou la file interminable de participants. Tout se passe bien puisque les gens sont plutôt disciplinés et laissent un passage sur la gauche de la route pour les plus rapides. Ah oui, au passage on notera qu’une très grande partie du parcours s’effectue sur route fermée, c’est un peu le kiff du cycliste !
A froid, il me fait bien souffrir le Pierre, et je dirais qu’il m’énerve un peu même pour être franc ! Eh oh, on a dormi 4h et le pépère il attaque plein badin ! Du coup il m’énerve et j’en remets une couche, fallait pas déclencher les hostilités ! On se regroupe au sommet, déjà un premier ravitaillement mais on ne s’arrête pas on n’est quand même pas venu faire un gueuleton, et puis de toute façon il n’y a même pas de rouge !
On plonge vers Lamastre pour attaquer le col des Nonières (671m, 9,6km à 2,9% de moyenne). Un col encore long mais avec des pourcentages très doux que nous montons à une bonne allure de 24,5km/h de moyenne. Les 2 premières ascensions ont donc été très rapides, même un peu trop rapides je trouve, mais l’aventure c’est l’aventure, on verra bien si on finit à pied ou sur le vélo.
Petit vidéo pour vous donner une idée de l’ambiance qu’il règne sur le parcours :
Animation et ambiance dans les villages
Nous passons le Cheylard pour déjà entamer après 50km du parcours notre 3ème ascension de la journée le col de Mézilhac (1130m, 9km à 4,3% de moyenne). Le rythme est toujours bon et j’arrive en haut du col au premier gros ravitaillement de la journée (enfin le 1er pour nous, mais il y en a un peu partout à vrai dire, c’est presque une randonnée gourmande cette cyclo :-)). On remplit les bidons (un peu d’Isostar, on va tenter on verra bien) et on commence la razzia sur le ravito : fruits, barres de céréales, fromage, cakes, plein de choses pour donner du jus. Les mauvais souvenirs du Grand Colombier m’ont ppris l’importance du ravitaillement longue distance.
Quelques minutes plus tard (chut ! On ne dira pas le nombre par respect pour un passé glorieux), Pierre arrive, il a eu la bonne idée de s’acheter un vêtement de pluie la veille chez D4 orange fluo qui va me servir toute la journée à l’identifier facilement, car peu importe le kilométrage, il y a vite 100 à 150 cyclistes par ravito. Le temps pour Pierre d’en faire autant niveau prise de force et nous repartons pour la suite de notre périple. Pas encore de fatigue prononcée, mais on sent bien que 70km et 3 ascensions commencent à faire leur effet.
Je remarque pas mal de chose en haut du col: un stand dépannage Mavic, l’hélicoptère qui filme (en arrière plan du stand Mavic), et un beau tandem.
Le col de Mézilhac est le point de non-retour. C’est en effet ici que nous devons décider si nous réduisons la distance pour emprunter La Volcanique (parcours de 175km) ou si nous poursuivons notre chemin sur l’Ardéchoise. A vrai dire, on en plaisante mais on ne se pose pas vraiment la question, l’un comme l’autre nous sommes venus pour 220km de galère et pas moins. En revanche, nous constatons, que le mauvais temps qui se rapproche dangereusement, semble calmer les ardeurs de beaucoup de participants et nous ne sommes pas très nombreux à poursuivre sur le parcours de l’Ardéchoise. Du coup, la route est beaucoup plus clairsemée. Arrivés en bas de la descente dans Antraigues pour repartir vers les sommets (oui en fait c’est pas compliqué comme parcours, tu montes et quand tu ne montes pas, tu descends), c’est la 4ème ascension qui se profile, le col d’Aizac (643m, 3,2km à 6,1% de moyenne) et que nous enchainerons directement après par 5ème col, la Moucheyre (856m, 2km à 4,5% de moyenne).
Ardéchoise 2016 : la mi-parcours
Ces 2 cols nous font déjà passer dans des pentes plus accentués et au bout de 100km, on commence à le sentir. Je coince un peu à 1km du sommet de la Moucheyre, le compteur retombe à 14km/h et je me dis que ces premiers signaux d’alerte doivent m’appeler à la prudence. Je décide donc de calmer le jeu et d’accompagner gentiment Pierre dans la prochaine ascension, d’autant qu’il a étudié le parcours et il m’annonce le col de la Baricaude redoutable !
En attendant, nous avons une vision plutôt claire et précise de ce qui nous attend en arrivant en haut du col de la Moucheyres, regardez plutôt la photo qui suit pour voir la vue qui s’offre à nous. Eh oui, j’ai entendu un participant annoncer la pluie à partir de 12h, je pense bien qu’il ne va pas être loin du compte. En tout cas, on ne connaît pas encore la dose et la durée mais la vision n’est pas des plus rassurantes.
Passage par Burzet, et c’est parti pour le col de la Baricaude (1232m, 13,4km à 5,4% de moyenne). Depuis la descente nous roulons sous la pluie et celle-ci s’intensifie de plus en plus, ce n’est pas un déluge mais disons que l’on se mouille bien, heureusement nous sommes bien équipés, l’un comme l’autre et nous ne souffrons pas du froid.
Même si j’ai envisagé d’accompagner Pierre pour cette ascension, je comprends vite que c’est un peu plus dur que ce que je pensais. J’ai du mal à suivre, je laisse même parfois un trou de 2-3m, je suis à la rupture comme on dit et je m’accroche au mental en espérant que Pierre n’en rajoute pas une dose. Pourtant notre rythme est plus que raisonnable autour de 12-13km/h mais quand ça ne veut pas, ça ne veut pas… Je m’accroche donc péniblement à la roue de Pierre en mode souffrance. Je propose même à Pierre de monter à sa main s’il est mieux que moi.
La pluie et le froid commencent à faire leur effet, les gants d’été sont un peu justes et il faudra songer à enfiler les gants d’hiver au sommet. Le rythme ne va pas grandissant, forcément la pente augmente et la fatigue avec. J’avoue avoir un gros moment de doute dans cette ascension car je réalise que je souffre mais qu’il reste 100km et 4 ascensions ! Ça peut être très long si je ne trouve pas un second souffle. Dans la fin de l’ascension, Pierre décroche à son tour et finalement je termine le col seul sans avoir réellement accélérer, bien au contraire.
Petite descente pour rejoindre Sagnes et Goudoulet où nous attend un nouveau ravitaillement. Ravitaillement qui s’effectue dans un froid de canard, sous la pluie ! Nous sommes très refroidis mais pas encore frigorifiés ! Après avoir bien mangé et bu un bon thé chaud, j’enfile les gants d’hiver mais Pierre est obligé de me venir en aide, car froid + mains mouillés, j’ai bien du mal à les enfiler.
Toute cette partie du parcours depuis Mézilhac est magnifique, dommage que nous n’ayons pas le beau temps avec nous sinon ce serait splendide ! Un rayon de soleil au milieu de la pluie aux alentours du Mont Gerbier des Joncs (point géographie : c’est quoi le Mont Gerbier des joncs ? Réponse en bas de l’article **) nous aide à nous réchauffer et je commence à retrouver de la sensibilité dans les doigts. Pierre un peu plus expérimenté (il garde un souvenir très marqué de son étape du Tour 2011 dans des conditions dantesques) est mieux équipé et ne semble pas souffrir du froid.
Nous atteignons donc le point culminant de la course, le Mont Gerbier des Joncs (1417m, 3km à 5,3%) et nous filons pour une longue descente de près de 25km vers St Martin de Valamas. Notre 8ème ami, le col de la Clavière (1088m, 17,5km à 3% de moyenne) nous accueille, une longue ascension mais pas trop pentue.
Nous sommes maintenant dans la gestion de l’effort, pour ma part cette longue descente m’a fait du bien et je retrouve quelques belles sensations (enfin des sensations correctes pour un amateur sur un vélo depuis 170km, ne rêvons pas tout de même). Le passage à vide dans la Baricaude reste une énigme (mauvaise alimentation, froid ou simple coup de moins bien ?). L’enchaînement sur le col de Freydaparet est anecdotique, ce n’est pas vraiment un col, c’est davantage une route de liaison entre 2 cols d’altitude identique (1115m pour le Freydaparet).
Il reste 45km, compte tenu de l’état physique, ça sent bon les finishers !
Toujours les montagnes russes, et donc nouvelle descente pour attaquer la 9ème ascension, la côte de Rochepaule (892m, 3,3km à 8% de moyenne).
Heureusement qu’il y a les ravitaillements, car sur le vélo, il n’y a pas vraiment de moments de pause, effort en ascension et vigilance en descente compte tenu de la route mouillée. Ah oui, j’oubliais, petit point météo, toujours chaotique, au mieux il pluviote, mais la pluie ne cesse pas vraiment.
Nous montons chacun à notre rythme comme pour chaque ascension depuis le début et nous nous retrouvons au sommet. Arrrivés à Rochepaule, avant dernière ascension de notre périple et dernier ravitaillement avant l’arrivée en ce qui nous concerne. Quelques locaux nous annonce une dernière ascension pas facile mais comme c’est la dernière, on se dit que cela doit passer coûte que coûte. Et ensuite, visiblement ce sera 20km de descente vers St Félicien.
En regardant mon compteur, je me trouve soudain un petit défi. Je m’aperçois que nous sommes à 7h46 de roulage (sans compter les ravitaillements) et donc comme il reste 30km avant l’arrivée, je me dis que nous pouvons objectivement terminer le parcours en moins de 9h !
Le final et la récompense !
Nous décidons que la fin du périple se fera sans arrêt jusqu’à l’arrivée, chacun à son rythme. Pied du col de Lalouvesc (1092m, 7,5km à 5,2% de moyenne), je vois la pancarte annonçant la pente moyenne du col mais je vois également le pourcentage moyen du 1er kilomètre 7,1%. Au bout de 195km, ça en fiche un coup ! Les 4 premiers km sont relativement durs puisque les pourcentages oscillent entre 5 et 7%. En fin mathématicien, je me dis donc que logiquement les pentes de la fin du col seront donc beaucoup plus douces et je suis donc soulagé ! Effectivement les 3 derniers kilomètres sont plutôt autour de 3% de moyenne, j’en profite pour mettre le reste d’énergie qu’il me reste dans les coups de pédales !
Bascule en haut du col, l’objectif des moins de 9h est encore d’actualité mais pas totalement garanti. Je mets les derniers watts dans la bataille, je suis sur un terrain que j’adore, la descente !
A 5km de l’arrivée, je comprends que le pari est gagné et je vais sans aucun doute franchir la ligne d’arrivée en moins de 9h de vélo.
Temps de roulage : 8h55min53s, 24,5km/h de moyenne
Temps scratch : 10h08min49sec, 21,68km/h de moyenne (intègre ravitaillements et autres arrêts)
Classement scratch Ardéchoise : 231ème place sur 559
Et le Pierrot ?
Je l’attends avec impatience sur la ligne mon co-galérien du jour ! Il arrive après quelques minutes.
Temps de roulage : 9h26min, 23,4km/h de moyenne
Temps scratch : 10h19min59sec, 21,29km/h de moyenne
Classement scratch Ardéchoise : 279ème place – Diplôme Pierre
Double finishers, trop cool !!!!!!!
Courage, il ne reste plus qu’à lire le bilan de cette Ardéchoise 2016 !
** : Le Mont Gerbier des Joncs regroupe les 3 sources de la Loire, le plus grand fleuve de France